Lors d’une rencontre en vidéo-conférence dernièrement, une collègue m’a vue reculer sur ma chaise et elle m’a alors demandé si tout allait bien. Elle avait observé et questionné mon non-verbal. Ça vous semble peut-être banal? Pas moi! J’observe souvent que les gens écoutent ce qui est dit en faisant fi du non verbal, même lorsqu’il est éloquent ou incohérent. Et ce n’est pas par mauvaise foi, c’est par habitude. Nous pensons tous que nous ‘’écoutons’’ puisque c’est une aptitude intrinsèque que nous possédons depuis notre naissance. Toutefois, quand, avec qui et comment écoutons-nous pleinement dans notre quotidien? Écoutons-nous au-delà de ce qui est dit? Autant au téléphone, en vidéo-conférence, en personne, en rencontre individuelle et en réunion?
Nous nous écoutons d’abord
La science populaire estime que nous aurions entre 10 000 et 60 000 pensées par jour, malgré qu’il n’y ait pas de méthode empirique pour circonscrire un chiffre exact. Et encore plus préoccupant, la fondation américaine ‘’National Science Foundation’’ estime que 80 % de ces pensées seraient négatives dont 95 % seraient des schémas de pensées répétitives du jour précédent. Imaginez en contexte de pandémie Covid-19… Nous avons amplement de matériel pour entretenir notre dialogue intérieur!
Prenons conscience que toutes ses pensées prennent de la place dans notre esprit et n’aident pas notre capacité d’écoute auprès de nos employés, de nos collaborateurs et de nos clients. Pour écouter vraiment les autres, il nous faut d’abord réussir à chasser toutes les pensées qui émergent pendant qu’on écoute l’autre. Il faut arrêter de s’écouter d’abord pour pouvoir écouter l’autre. Parfois, nous parvenons réellement à une écoute plus approfondie, nous le savons, nous sentons une connexion.
L’écoute est un muscle qui s’entraine
Comme coach, l’écoute est une compétence que nous développons à tous les jours, comme un muscle que nous entraînons. D’abord, écouter sans se demander ce que nous pensons, écouter sans chercher des solutions pour l’autre (difficile), écouter sans jugement, en mettant nos croyances et nos valeurs de côté. Écouter à 100% – 7% verbal, 55% visuel et 38% vocal – avec conscience que les mots seuls ne sont pas suffisants pour exprimer la pensée. Écouter au service de l’autre, pour l’autre. C’est un défi, j’en conviens! Développer notre écoute requiert toute notre attention et notre rigueur.
Comment qualifiez-vous votre niveau d’écoute au quotidien?
Je vous propose de revisiter les 3 niveaux d’écoute proposés par ma collègue Cloé Caron dans son livre Propulsez votre équipe.
Niveau 1 – je m’écoute : Quand je m’écoute d’abord, je n’écoute pas vraiment l’autre, même si je peux le croire, mon focus est orienté sur moi. Soyons honnête, nous sommes souvent à ce niveau dans nos conversations quotidiennes. Pendant que l’autre personne parle, nous entendons parallèlement notre voix intérieure, nos pensées, nos opinions, nous pensons même à ce que nous allons répondre et pouvoir exprimer quand la parole nous sera redonnée. Nous sommes distraits, parfois pressés, nous interrompons, nos questions sont limitées, nous ne nous regardons pas les autres dans les yeux, nous reprenons la parole dès que nous en avons la chance!
Niveau 2 – j’écoute l’autre pour comprendre : Quand j’écoute au niveau 2, j’écoute pour entendre et pour comprendre une situation. Je délaisse mon monde intérieur et mes distractions pour mettre mon focus sur l’autre. Ce niveau d’écoute nous permet de créer une relation de confiance avec les autres et une meilleure compréhension des situations. Nous sommes alors sensibles au ton de voix, aux signes non-verbaux et aux émotions. Nous sommes présents, nous regardons l’autre, concentrés sur ce que la personne nous exprime et nous posons des questions pour mieux comprendre sa perspective.
Niveau 3 – j’écoute l’autre pour l’autre : Quand j’écoute au niveau 3, j’écoute l’autre pour l’autre et non pas pour moi. Je ne suis pas là pour la performance, j’écoute avec un état d’esprit détaché de mes propres intentions, avec cœur, avec intuition et sans jugement. C’est un niveau d’écoute auquel nous accédons plus rarement dans notre quotidien et qui est pourtant un cadeau qu’on offre à l’autre. Nous entendons ses valeurs, ses croyances, ses suppositions, son énergie, son intention, ses émotions et son potentiel. En ce sens, nous écoutons de façon globale. Nous agissons comme un reflet dans le miroir pour l’autre. Avez-vous vécu cet état lors d’une conversation récente?
Quelques pistes de réflexion
Généralement, nous passons d’un niveau d’écoute à l’autre dans une journée selon le contexte. Combien de fois par jour manquons-nous une opportunité de connecter avec un collègue ou un employé parce que nous étions dans notre écoute de nous-mêmes (niveau 1)? Et quelle conversation ou situation récente aurait pu bénéficier de notre écoute plus approfondie?
Je vous propose aussi les quelques réflexions suivantes :
- Dans quelle conversation récente avez-vous eu l’impression d’écouter au niveau 3?
- Quel a été l’impact de cette écoute pour vous? Pour l’autre? Pour votre relation?
- Quelle prochaine conversation pourrait être une opportunité d’approfondir votre niveau d’écoute? Et qu’est-ce que ça pourrait permettre?
Il y a plusieurs exercices possibles pour développer notre écoute. Par exemple, j’aime bien l’exercice de me retenir d’intervenir de façon consciente, dans une rencontre individuelle ou en réunion. En résistant à répondre du tac au tac, nous nous laissons le temps d’apprivoiser une pause, nous laissons la place aux autres et pouvons constater ce qui en émerge. Apprivoiser le silence, bien dosé, est aussi riche pour nourrir notre écoute.
Et si, dans le contexte actuel de collaboration à distance, vous saisissiez l’opportunité de développer votre écoute avec vos employés et vos collaborateurs, que pourriez-vous faire différemment?