Je discutais dernièrement, dans le cadre d’un coaching, avec un gestionnaire qui réalisait à quel point il était difficile pour lui de se montrer vulnérable. Et il en identifiait facilement et candidement la cause : son égo. Je l’ai trouvé très conscient. Il se demandait même si son égo était nourri par son rôle de gestionnaire, renforçant sa croyance qu’il devait avoir réponse à tout et demeurer en parfait contrôle auprès de ses équipes. Vous êtes-vous déjà demandé quelle place prend votre égo dans votre posture de gestionnaire? Et quel impact il a sur vos relations avec vos employés et collaborateurs?

 

Reconnaissez votre égo de gestionnaire

J’ai souvent entendu des gestionnaires dire « je ne suis pas la même personne au travail qu’à la maison ». Comme s’ils laissaient leur humanité et leur identité à la maison (pour le bénéfice de leurs proches et de leur famille, au moins ça de pris!) et qu’au travail, ils enfilaient l’habit d’un personnage gestionnaire, qui s’impose une façon d’être différente, selon l’image accordée au rôle de leader.

L’égo est, entre autres, une partie de nous qui veut bien paraître, être reconnu, qui veut à tout prix réussir et avoir raison. Il se soucie beaucoup de ce que les autres pensent de lui. Il se compare pour se rehausser. Il n’aime pas « ne pas savoir », « ne pas maîtriser » une compétence, se tromper ou encore échouer – pire, devant les autres. Il préfère tout savoir tout de suite, ne pas remettre en question ses convictions ni être jugé. Il présente parfois ses idées, dans une réunion, comme si elles étaient une vérité absolue. Il peut réagir à une conversation sensible sur un projet comme si sa vie en dépendait. Le reconnaissez-vous?

Sans qu’on s’en rende compte, notre égo s’infiltre dans beaucoup de nos réactions, de nos comportements et de nos pensées. Il prête des intentions à nous-mêmes et aux autres, nos employés et collaborateurs – par exemples : je suis meilleur, je suis unique, je suis différent, les autres ne comprennent pas, ils sont incompétents, ils ne sont pas collaboratifs. Notre égo peut aussi être la cause de beaucoup de nos insécurités et de nos doutes, il met la barre de la performance tellement élevée.

 

Observez l’impact de votre égo de gestionnaire

Commençons par observer quand notre égo s’infiltre dans nos réactions et dans nos conversations avec nos employés ou nos collaborateurs. Et l’impact qu’il a lorsqu’il prend le dessus. 

Combien de fois avez-vous été témoin d’un collaborateur qui défendait sa perspective en rencontre, parfois haut et fort, convaincu d’avoir raison?  Qu’il ait eu raison ou pas, avez-vous remarqué l’impact pour vous ou pour l’équipe? Soit un autre égo fait monter l’escalade, soit les gens se taisent, en mode protection. Et alors nous ne sommes plus dans la collaboration, dans la créativité, dans l’engagement et l’innovation permettant la pleine performance d’équipe.

Notre égo, comme gestionnaire, peut contribuer activement et sans même qu’on s’en rende compte au travail en silo, au manque d’écoute, aux malentendus, aux enjeux d’alignement de priorités, de climat de travail, à l’escalade des conflits, …

 

Gérez votre égo 

Pour gérer notre égo, je propose d’observer nos comportements, nos besoins, nos déclencheurs, nos émotions et les situations qui nous font réagir. 

  • Qu’est-ce qui alimente mon égo dans une réunion ou dans une rencontre individuelle?
  • Comment me fait-il réagir? J’attaque, j’argumente, j’impose, je me retire, je n’interviens plus, je fige, sans mot (fight-flight or freeze)?
  • Quel est l’impact des réactions de mon égo sur ma capacité à pleinement collaborer avec les autres – mes employés et collaborateurs?
  • À la lumière de ces réflexions, quelles tendances ressortent et qu’est-ce que je peux faire autrement?

 

Pour moi, gérer mon égo de coach me permet d’être plus à l’écoute, plus présente et d’accepter d’être parfaitement imparfaite. Pour vous, comme gestionnaire, qu’est-ce que gérer votre égo peut vous permettre?

Je suis convaincue (c’est mon égo qui veut aussi vous convaincre) que plus nous apaisons notre besoin de nous faire valoir individuellement, plus nous trouvons notre juste place et notre contribution auprès de notre équipe, en reconnaissant toute la valeur ajoutée de ceux qui nous entourent. Et il se trouve certainement là une clé pour une collaboration plus efficace.

– Anik Desjardins