Le modèle traditionnel de leadership a été fondé sur la valorisation de l’expertise, de la connaissance, des bonnes réponses, de « la tête », avec tout ce que cela comporte... La vision, l’analyse, la recherche de solutions, les finances, les chiffres, les indicateurs de performance, le vrai et le faux. Cette approche traditionnelle est pourtant limitée pour faire face à notre environnement actuel qui est devenu instable, incertain, complexe et ambigu (VICA). Comment nous éloigner de cet ancien modèle traditionnel, reposant sur l’expertise? Comment passer à un nouveau modèle, axé sur le contexte ? Un nouveau modèle qui génère de la mobilisation, de l’implication et qui intègre une vision plus intuitive de l’équipe et du contexte. Comment faire vivre un nouveau modèle plus actuel de leadership ?
Gérer avec tête, cœur et courage : une invitation à être « complet »
Nous avons encore besoin de notre tête, bien évidemment. On ne veut pas dépouiller les leaders de leur intelligence! Gérer avec la tête va de soi : nous devons comprendre, raisonner, établir des plans d’action, considérer plusieurs options pour prendre une décision, évaluer les effets de nos démarches et mesurer l’atteinte de nos objectifs.
Dans notre environnement VICA, il est impossible d’avoir une réponse à tout. Notre travail de gestionnaire consiste donc à comprendre le contexte, à mobiliser les bonnes personnes pour que les projets soient un succès et à enclencher les bons mécanismes afin que les solutions pertinentes émergent. L’introduction d’un leadership contextuel nous permet de passer du pouvoir de la « bonne réponse » au pouvoir du « bon processus ». Pour ce faire, nous devons utiliser autant notre tête que notre cœur et notre courage.
J’ai interviewé à ce sujet Françoise Lyon, présidente et associée directrice générale de DGC Capital. Elle dit justement: « Le vrai leadership est une chose très complexe qui comprend la tête, le cœur et le courage. Si nous utilisons que notre tête dans notre façon d’être stratégique, de guider et de gérer les gens, nous nous dirigeons tout droit vers la catastrophe. Pour vraiment faire appel aux gens, les faire bouger et avancer lorsque vous avez le privilège d’être un leader, vous devez faire appel aux trois (la tête, le cœur et le courage) ».
Comment diriger avec cœur ?
Gérer avec cœur, c’est essentiellement connecter avec les gens et communiquer de façon empathique. C’est avoir le désir d’aider les gens à se développer et s’épanouir.
En tant que gestionnaire, voici quelques façons, parmi tant d’autres, de diriger avec cœur :
– Gérez en respectant vos valeurs ;
– Intéressez-vous à vos employés et collègues de manière ouverte et sincère ;
– Lorsque vous discutez de leur développement, demandez à vos employés quels sont les objectifs qu’ils souhaitent atteindre dans leur vie personnelle et professionnelle ;
– Tenez compte des émotions (les vôtres et celles des autres) lorsque vous prenez une décision ;
– Prenez le pouls du climat et de l’humeur de votre équipe chaque matin.
Françoise considère que le cœur est « compassion et attention ». Elle précise : « Si vous voulez être un vrai leader, vous devez vous soucier des personnes que vous dirigez et cela signifie les accepter entièrement ».
Comment diriger avec courage?
La notion de courage réfère à la capacité à faire face à tout ce qui doit être traité et à prendre des décisions « difficiles » pour le bien de l’organisation. Le courage signifie remettre en question le statu quo, s’exposer au risque de se tromper et être vulnérable. C’est aussi donner du feedback, être prêt à avoir des discussions ouvertes, s’assurer que chacun a tout ce dont il a besoin pour réussir et vouloir trouver des solutions ensemble.
Brené Brown dit que « le courage commence par se présenter et se laisser voir ». Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?
Voici quelques façons diriger avec courage:
– Donnez un feedback franc, même sur des sujets sensibles ;
– Demandez-vous si vous dites tout ce qui doit être dit ; vous adressez-vous à « la bonne personne au bon moment » ;
– Travaillez sur la manière de dire les choses de manière à préserver la dignité de chacun ;
– Préparez-vous à recevoir les émotions de l’autre ;
– Remettez en question le statu quo lorsque vous pensez qu’il existe une meilleure solution ;
– Admettez à votre équipe que vous n’avez pas toutes les réponses, mais que vous ne lâcherez pas.
Les gens attendent de leur gestionnaire qu’il ait le courage de prendre les décisions qui s’imposent, même quand c’est difficile. Le courage n’est pas un luxe! Il est un pré-requis puisqu’il constitue la porte d’entrée vers une culture d’entreprise qui favorise la remise en question du statu quo et l’innovation. Dans un environnement VICA, nous ne pouvons plus appliquer des vielles recettes à un nouveau problème; nous pouvons nous en inspirer mais le contexte nous force à renouveler constamment notre regard sur les situations et les enjeux.
Lors de son entrevue, Françoise mentionne que « le courage est là pour vous donner des signaux lorsque les choses déraillent ou ne sont pas adéquates et on doit l’entendre, c’est une partie de notre intuition ».
Une culture d‘innovation, de croissance et d’agilité exige un leadership contextuel qui fait appel autant à la tête qu’au cœur et au courage. L’utilisation de ces trois ressources est essentielle pour obtenir des résultats positifs pour vous en tant que gestionnaire ainsi que pour la croissance de vos employés et le succès de votre organisation.
Dans quelle mesure votre leadership est-il traditionnel ou plutôt adapté au contexte de votre entreprise ? Comment gérez-vous avec votre tête, votre cœur et courage ?
Comme toujours, je vous invite à être inspirés et à vous laisser inspirer
Cloé Caron
Présidente-fondatrice d’o2coaching,